Pencil in hand: 4 women graphic novel artists from the Arab world
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Image: Africine.org
"Crayon au poing : 4 dessinatrices du monde arabe", portraits croisés d'artistes contestataires
Pencil in hand: 4 women graphic novel artists from the Arab world, interlinked portraits of dissenter artists
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À partir du mardi 17 août 2021
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Dix ans après le début des Printemps arabes, une exploration de la BD arabe et féminine à travers les rencontres croisées de quatre autrices engagées : venant du Liban, de la Tunisie, du Maroc, ou encore d'Égypte, elles ont toutes choisi la BD comme moyen d'expression pour se faire entendre. Rencontre à domicile avec Lena Merhej (Beyrouth), Deena Mohamed (Le Caire), Zainab Fasiki (Casablanca) et Nadia Khiari (alias Willis from Tunis), dont les dessins et les mots portent haut les revendications de liberté et de justice des Printemps arabes.
"Un moyen de s'exprimer à portée de main", dit Lena Merhej pour expliquer pourquoi, dans la jeune BD arabe, les femmes sont si présentes. "Moi, je suis très enragée", ajoute avec douceur cette Beyrouthine de mère allemande et de père libanais, qui avait 13 ans quand la guerre civile a pris fin, et qui retrouve dans "le champ de bataille" qu'est sa ville dévastée depuis les explosions au port, le 4 août 2020, les cauchemars de son enfance. Si la thawra ("révolution") qui, à l'automne 2019, a soulevé le peuple libanais, neuf ans après le début des Printemps arabes, ne cesse de l'inspirer, elle a aussi minutieusement dessiné le Beyrouth d'avant la catastrophe pour se "réapproprier" sa mémoire. Pour sa contemporaine Nadia Khiari, alias Willis from Tunis, chat malicieux devenu une star de la contestation et apparu sur Internet dès la levée de la censure par un président Ben Ali aux abois, en janvier 2011, la révolution fut une "naissance". Alors, pour mieux s'opposer à la censure, qu'elle vienne du pouvoir ou de la société, leurs cadettes, la Marocaine Zainab Fasiki et l'Égyptienne Deena Mohamed, ont lancé leurs super-héroïnes (nue pour la première, voilée pour la seconde) à l'assaut des stéréotypes, des tabous et de la domination masculine…
Crayon au poing dévoile une génération émergente de créatrices arabes de BD : en ouvrant les portes de leurs ateliers, ces autrices aux styles et au verbe très différents révèlent chacune un pan de leur ville et de leur monde. Féminisme, bien sûr, mais aussi émancipation, éducation, solidarité : au travers de ces quatre regards singuliers intensément tournées vers le collectif, les réalisatrices Éloïse Fagard et Lizzie Treu mettent en évidence la communauté de valeurs et la combativité qui les unissent, par-delà les frontières nationales. Elles montrent aussi combien la BD et le dessin politique, bien qu'encore marginaux au Maghreb comme au Proche-Orient, représentent un art contestataire en plein essor, qui fleurit sur les murs autant qu'aux étals des librairies. La BD, milieu d'ordinaire très masculin, devient également un moyen pour les créatrices de faire entendre leurs voix dans des sociétés conservatrices.
Dix ans après le début des Printemps arabes, une exploration de la BD arabe et féminine à travers les rencontres croisées de quatre autrices engagées : venant du Liban, de la Tunisie, du Maroc, ou encore d'Égypte, elles ont toutes choisi la BD comme moyen d'expression pour se faire entendre. Rencontre à domicile avec Lena Merhej (Beyrouth), Deena Mohamed (Le Caire), Zainab Fasiki (Casablanca) et Nadia Khiari (alias Willis from Tunis), dont les dessins et les mots portent haut les revendications de liberté et de justice des Printemps arabes.
"Un moyen de s'exprimer à portée de main", dit Lena Merhej pour expliquer pourquoi, dans la jeune BD arabe, les femmes sont si présentes. "Moi, je suis très enragée", ajoute avec douceur cette Beyrouthine de mère allemande et de père libanais, qui avait 13 ans quand la guerre civile a pris fin, et qui retrouve dans "le champ de bataille" qu'est sa ville dévastée depuis les explosions au port, le 4 août 2020, les cauchemars de son enfance. Si la thawra ("révolution") qui, à l'automne 2019, a soulevé le peuple libanais, neuf ans après le début des Printemps arabes, ne cesse de l'inspirer, elle a aussi minutieusement dessiné le Beyrouth d'avant la catastrophe pour se "réapproprier" sa mémoire. Pour sa contemporaine Nadia Khiari, alias Willis from Tunis, chat malicieux devenu une star de la contestation et apparu sur Internet dès la levée de la censure par un président Ben Ali aux abois, en janvier 2011, la révolution fut une "naissance". Alors, pour mieux s'opposer à la censure, qu'elle vienne du pouvoir ou de la société, leurs cadettes, la Marocaine Zainab Fasiki et l'Égyptienne Deena Mohamed, ont lancé leurs super-héroïnes (nue pour la première, voilée pour la seconde) à l'assaut des stéréotypes, des tabous et de la domination masculine…
Crayon au poing dévoile une génération émergente de créatrices arabes de BD : en ouvrant les portes de leurs ateliers, ces autrices aux styles et au verbe très différents révèlent chacune un pan de leur ville et de leur monde. Féminisme, bien sûr, mais aussi émancipation, éducation, solidarité : au travers de ces quatre regards singuliers intensément tournées vers le collectif, les réalisatrices Éloïse Fagard et Lizzie Treu mettent en évidence la communauté de valeurs et la combativité qui les unissent, par-delà les frontières nationales. Elles montrent aussi combien la BD et le dessin politique, bien qu'encore marginaux au Maghreb comme au Proche-Orient, représentent un art contestataire en plein essor, qui fleurit sur les murs autant qu'aux étals des librairies. La BD, milieu d'ordinaire très masculin, devient également un moyen pour les créatrices de faire entendre leurs voix dans des sociétés conservatrices.
Au-delà de la critique politique, ce sont les expériences quotidiennes et la diversité des parcours de femmes artistes en pays arabes que ce documentaire partage. Une approche intimiste et nuancée qui permet de dépasser les stéréotypes dans des sociétés où la liberté de la femme est continuellement remise en cause. Ainsi, les créatrices utilisent également leurs œuvres pour partager des valeurs féministes et mettre en lumière les tabous liés au corps et à la sexualité.
En plus de leurs interviews croisés, le documentaire dresse le portrait de quatre villes arabes (Beyrouth, Casablanca, Le Caire et Tunis) dans un contexte de révolte où la jeunesse s'oppose de plus en plus à un pouvoir autoritaire et à la censure des médias. Une ballade urbaine rythmée par d'emballantes musiques et portée par la beauté des images nées sous la plume (ou le stylet numérique) de ses inspirantes muses, qui s'animent pour imprégner les prises de vues réelles.
English translation by Beti Ellerson
Ten
years after the start of the Arab Spring, an exploration of Arab
women's graphic novels through the encounters of four committed
creators: from Lebanon, Tunisia, Morocco and Egypt who have chosen this
medium as a means of expression to make themselves heard. At home with
Lena Merhej (Beirut), Deena Mohamed (Le Cairo), Zainab Fasiki
(Casablanca) and Nadia Khiari (alias Willis from Tunis), whose drawings
and words show a high regard for the demands for freedom and justice of
the Arab Spring.
"It
is an attainable means to express oneself", says Lena Merhej, to
explain why women are so visible in the fledgling Arab graphic novel.
"I, myself, am very enraged", she adds gently. Beirut-born of a German
mother and Lebanese father, she was 13 years old when the civil war
ended. She finds in "the battlefield" of her devastated city since the
port explosions on August 4, 2020, the nightmares of her childhood. If
the thawra ("revolution") which, in the fall of 2019, incited the
Lebanese people, after nine years, the Arab Spring continues to inspire.
Lena Merhej also meticulously drew Beirut before the disaster in order
to "reclaim" her memory. For her contemporary, Nadia Khiari, alias
Willis from Tunis, the revolution was a "birth". A
malicious cat who became a star of the protest, appeared on the Internet
as soon as the censorship was lifted in January 2011 by the beleaguered
president Ben Ali.
Hence,
to better oppose censorship, whether it comes from the powers that be
or society, their younger cohorts, the Moroccan Zainab Fasiki and
Egyptian Deena Mohamed, launched their superheroines (nude for the
first, veiled for the second) to attack stereotypes, taboos and male
domination...
"Crayon
au poing" unveils an emerging generation of Arab women graphic novel
artists. By opening the doors of their art studios, these creators, with
very different styles and words, each reveal a part of their city and
their world. Feminism, of course, but also emancipation, education,
solidarity: through these four unique perspectives, turned intensely
towards the collective, the directors Éloïse Fagard and Lizzie Treu
highlight the community of values and the combativeness that unites
them, beyond national borders. They also show to what extent graphic
novels and political cartoons, although still marginal in the Maghreb as
in the Middle East, represent a burgeoning protest art, which appeared
on walls, as well as on the shelves of bookstores. The graphic novel,
usually a very male-dominated environment, is also becoming a means for
women creators to make their voices heard in conservative societies.
In addition to their interlinking interviews, the documentary paints a portrait of four Arab cities (Beirut, Casablanca, Cairo and Tunis) in the context of revolt where the youth are increasingly opposed to an authoritarian power and media censorship. An urban ballad punctuated by the rhythm of exciting music and carried by the beauty of the images born under the pen (or the digital stylus) of its inspiring muses.
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