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Nadine Otsobogo |
La multi-talentueuse gabonaise Nadine Otsobogo est réalisatrice, maquilleuse, et fondatrice du Djobusy Productions. Elle nous parle de ses passions pour le cinéma.
Nadine, vous portez plusieurs chapeaux dans le monde du cinéma. Comment vous présenteriez-vous ?
Une personne qui aime les chapeaux ? Non je plaisante ! Je pense que je suis une personne passionnée qui cherche à raconter des histoires, à les dévoiler, et à les vivre tout simplement.
Le cinéma en Gabon n'est pas très connu, pourtant, il y existe une culture cinématographique active. Quel rôle espérez-vous jouer pour l’assurer une plus grande place dans le cinéma africain?
Le cinéma a toujours passionné les gabonais. Je pense que je fais partie des électrons libres du cinéma gabonais, du moins je l’espère, tout comme Yeno Anongwi, Marc Tchicot pour ne citer que ces deux-là, c’est-à-dire que les films en choisissant leur décor (autre que le Gabon), en changeant de « cadre » ne collabore pas moins à l’essor du cinéma gabonais. Pour atteindre une envergure dans le cinéma africain, je désire aller vers la coproduction. Oui je pense que c’est une voie indispensable à l’heure actuelle, où les guichets européens se verrouillent. Et peut-être tant mieux, cela nous permettra de replacer autrement notre regard, et de prendre conscience du temps qui passe à l’attente d’une hypothétique commission. « Regardez vers l’Afrique où un roi noir sera couronné » J’aime beaucoup cette prédiction de Marcus Garvey, qui me renvoie vers la terre mère, placer dans le contexte du cinéma, cette prophétie interpelle. Mes différents voyages, en tant que maquilleuse dans des productions africaines, m’ont dévoilé une Afrique surprenante, curieuse, singulière, battante, loin des clichés de l’Occident. Ce regard sur le continent, j’aimerais le rendre dans mes projets.
La liste des films de vos prouesses de maquilleuse est longue, plusieurs de renommé. Quelles sont vos expériences dans cette profession, la formation nécessaire ? De quoi s’agit-il ? Quelles sont des tâches spécifiques ? Quel est votre rapport avec les réalisateurs…les comédiens?
J’ai plus de 15 ans d’expérience dans le maquillage. J’ai fait une école d’esthétique cosmétique, une école de maquillage artistique et j’ai codirigé pendant plus de 3 ans une agence de maquillage Blush Poudre Etc., société qui abordait le maquillage de façon ludique. Sur un tournage, une maquilleuse doit mettre en valeur un comédien selon le scénario. C’est un personnage, on doit soit l’enlaidir, soit l’embellir, un travail de préparation est fait en amont avec le réalisateur, le chef opérateur, les coiffeurs et les habilleurs.
J’ai été maquilleuse sur certains films dont Le Marsupilami et l'orchidée de Chixclub de Alain Chabat, Le collier de Makoko de Henri Joseph Koumba, Un homme qui crie de Haroun Mahamat Saleh, Demain dés l’aube de Denis Dercourt, Ramata de Léandre-Alain Baker, L’absence de Mama Keita, L’Ombre de liberty de Imunga Ivanga, Neg’marron de Jean-Claude Flamand Barny, Et toi t’es sur qui ? de Lola Doillon, Sexe, gombo et atiéké de Haroun Mahamat Saleh, Le Jardin de papa de Zéka Laplaine, Moi et mon blanc de Pierre Yaméogo, 40 mg d’amour de Charles Meurisse.
Un tournage c’est un microcosme de la société, avec des personnes qui ont de bonnes « vibes », d’autres pas du tout… Être maquilleur demande beaucoup de patience, de discrétion et d’écoute aussi bien avec les acteurs qu’avec le reste de l’équipe. La bonne cohésion est indispensable. Nous sommes ensemble pour faire aboutir un projet, c’est ça le plus important, le reste c’est du cinéma…
Ma relation avec certains réalisateurs était plus qu’une collaboration maquilleur - réalisateur, c’était un réel échange. Ils m’impliquaient dans le processus du film, c’était « notre film », et ça c’est réellement agréable et motivant. Je les remercie tous, du fond du cœur de leur confiance, surtout un en particulier qui a failli arrêter le tournage au bout de 3 jours. Il se reconnaîtra.
Vous avez réalisé plusieurs courts métrages--fiction et documentaire. Pourriez-vous nous parler de votre trajectoire ?
Vous avez créé Djobusy Productions en 2010, quels sont ses objectifs?
D’abord être dans la place ! Pour être repèré. C’est-à-dire créer une dynamique dans la production gabonaise. Aller à la découverte des histoires originales en fédérant, des personnes passionnées, curieuses et compétentes, en Afrique et dans le reste du monde, la coproduction est essentielle à tout projet de production. Dénicher des partenaires aussi bien financiers que humains. Faire des films, les présenter dans des festivals, des marchés, les diffuser, réinvestir en faisant encore plus de films.
Les projets à venir?
Un court-métrage en préparation, « Elle s’amuse ». En chantier, un documentaire, un moyen-métrage et une mini série sur des techniciens du cinéma que j’ai rencontré aux quatre coins du monde. Djobusy Productions est à la recherche de scénaristes.