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16 November 2023

Remembering Thérèse Sita-Bella : Tam-Tam à Paris - Il y a 60 ans | Sixty years ago

Thérèse Sita-Bella

Tam-Tam à Paris, il y a 60 ans | Sixty years ago

Journalist André Pouya remembers his interview in 1989

Journaliste André Pouya se souvient de son interview in 1989

 

“Sita Bella, have you thought about writing a book?”, journalist André Pouya asks Thérèse Sita-Bella. She responds: “I continue to write at the present. I have some ideas, and it is never too late to write about them. If I do publish them, the purpose will be to inform and teach.  Remember that I am also a filmmaker. I have many scripts that are lying idle that I would love to bring to fruition. I plan to retire soon and filmmakers are ageless. This will be my way to leave a message…”

 

Journalist André Pouya remembers vividly his interview with Thérèse Sita-Bella at Fespaco in 1989. In homage to her and in recognition of the release of her film 60 years ago in 1963, journalist André Pouya recounts to Beti Ellerson his memories of this pioneer who left us in 2006. 


Young Burkinabe having just completed his doctorate entitled “Die Deutsche Welle : la Voix de l'Allemagne et ses auditeurs francophones d'Afrique (The Deutsche Welle: the voice of Germany and its listeners from francophone Africa)", he was eager to get the reflections of Thérèse Sita Bella on the role of journalism in Cameroon. During her time in the French capital among her media assignments she was correspondent for Deutsche Welle.


In the introduction to the 1989 interview, he outlines her journey: "Thèrése Sita Bella participated in the creation of La vie africaine, the first African journal in France, where she worked until 1964-1965. Afterwards, she spent six months at UNESCO [based in Paris] and also participated in the creation of many radio programs destined for listeners in Africa, including the African Service of the BBC in French, and Radio-Cologne, Germany. She was also correspondent for Voice of America, as well as the Radio Television Luxembourg, then the ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française), the French Radio. She returned to Cameroon in 1967, where she immediately began working at the Ministry of Information. Today she is chief deputy at the Department of Documentation." 

 

***

 

« Sita Bella, l'idée vous est-elle venue d'écrire un livre par exemple? » le journalist André Pouya demande à Thérèse Sita-Bella. Elle répond: « Pour le moment, je suis employée aux écritures. Les journalistes sont employés aux écritures. J'ai quelques idées. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Si j'écris un jour, ce sera dans un but didactique. Je suis en train d'écrire sur l’information et relations humaines. Je mets ce genre de choses en chantier. N'oubliez pas que je suis cinéaste. J'ai beaucoup de scénario qui chôment et que j'aimerais bien réaliser. Je vais prendre ma retraite d'ici quelque temps et les cinéastes n'ont pas d'âge. Ce sera ma manière de laisser un message... » 

 

Le journaliste André Pouya se souvient très bien de son entretien avec Thérèse Sita-Bella au Fespaco en 1989. En hommage à celle-ci et la sortie de son film Tam-Tam à Paris il y a 60 ans en 1963, il raconte à Beti Ellerson ses souvenirs de cette pionnière qui nous a quitté en 2006.

 

Jeune burkinabè venant de terminer son doctorat intitulé « Die Deutsche Welle : la Voix de l'Allemagne et ses auditeurs francophones d'Afrique », il avait hâte de connaître les pensées de Thérèse Sita Bella sur le rôle du journalisme au Cameroun. En effet, durant sa période parisienne, parmi ses nombreuses responsabilités dans les médias, elle était correspondante de Deutsche Welle.

 

Dans l’introduction de l'entretien de 1989, il esquisse son parcours: « Elle a participé à la création du premier journal africain en France qui avait pour titre La Vie Africaine, où elle a travaillé jusqu'en 1964-1965. Ensuite elle a été six mois à l'UNESCO et a également participé à la création de beaucoup d'émissions radiophoniques à destination de l'Afrique et notamment au service africain de la B.B.C., en français et de radio-Cologne, en R.F.A. Elle a été également correspondante de la Voix de l'Amérique, sans compter la Radio Télévision Luxembourg puis de l'O.R.T.F. Elle est rentrée au Cameroun, en 1967, aussitôt engagée au Ministère de l'Information. Aujourd'hui elle est chef de service adjoint de la Documentation. » 


 

En Français ci-après

 

My testimony

I met Thérèse Sita-Bella at the 11th Pan-African Film Festival in Ouagadougou, Burkina Faso. The major cultural event was held from February 25 to March 04, 1989. Among the festival-goers, the young journalist that I was, noticed an elegant lady, dressed all in white, wearing a hat. To my "bonjour, Madame!" she replied, with a smile, "bonjour, young man!". This reaction encouraged me to introduce myself, FESPACO badge in evidence. Five months earlier, I had returned from my studies to work for Sidwaya, a daily newspaper dedicated to informing and mobilizing the people. This word, in the Mooré language, one of the most widely spoken in the former Upper Volta, literally means "Truth has come". President Thomas Sankara and his comrades created it in 1984, in the spirit of the Great Revolution of October. Lenin, Stalin and their companions had founded the newspaper Pravda, or Truth, in Russian, on April 22, 1912. Reassured by her kindness and spontaneity, I took the conversation further. I congratulated her, gallantly, on her outfit, insisting on the quality of the hat. "You love Old French elegance", she teased, watching my reaction. Unmasked, so to speak, I confessed. We talked about dancing, too. I pointed out that her outfit was suitable for waltzing... I asked her for an interview. She agreed. We met the next day under a thatched-roof bungalow in a hotel popular with festival-goers. As elegant as ever, she willingly lent herself to my questions. She insisted on her three initial vocations, pilot, journalist and filmmaker. Thérèse’s to-do-list brimmed with projects: writing—in order to pass on the knowledge, she had accumulated, and film scripts.

 

I was saddened to learn of her death on February 27, 2006. She died destitute and alone, according to Cameroonian media. Those who admire and think back fondly of her go to pay their respects at her grave, at the Catholic cemetery in the Cameroonian capital, Yaoundé.


 

Mon témoignage

J’ai rencontré Thérèse Sita-Bella lors de la 11è édition du Festival panafricain de cinéma de Ouagadougou, au Burkina Faso. La grande manifestation culturelle se tenait du 25 février au 04 mars 1989. Parmi les festivaliers, le jeune journaliste que j’étais avait remarqué une dame élégante, vêtue tout en blanc, en chapeau. À mon « bonjour, Madame ! » elle avait répondu, avec le sourire, « bonjour, jeune homme ! ». Cette réaction m’avait encouragé à me présenter, badge FESPACO en évidence. Rentré des études, cinq mois plus tôt, j’officiais au quotidien d’information et de mobilisation du peuple, Sidwaya. Ce mot, en langue mooré, l’une des plus parlées dans l’ancienne Haute-Volta, signifie, littéralement, « La Vérité est venue ». Le président Thomas Sankara et ses camarades l’avaient créé, en 1984, dans l’esprit de la Grande Révolution d’octobre 1913. Lénine, Staline et leurs compagnons avaient institué le journal La Pravda, La Vérité, en russe, le 22 avril 1912. Rassuré par cette gentillesse et cette spontanéité, je poussai loin la conversation. Je la félicitai, galamment, pour sa tenue, insistai sur la qualité du chapeau. « Tu aimes l’élégance Vieille France », me taquina-t-elle, en surveillant ma réaction. Démasqué, pour ainsi dire, j’avouai. Nous parlâmes de danse, également. Je lui indiqué que sa tenue était adaptée à la valse… Je lui sollicitai une interview. Elle accepta. Rendez-vous, le lendemain, sous une paillote, dans un hôtel prisé par les festivaliers. Toujours aussi élégante, elle se prêta, de bonne grâce, à mes questions. Elle a insisté sur ses trois vocations de départ, pilote, journaliste et cinéaste. Thérèse grouillait de projets : écriture, afin de transmettre les connaissances qu’elle avait accumulées, et scenarii de films.


Avec tristesse, j’ai appris sa mort, le 27 février 2006. Elle est morte dans le dénuement et la solitude, selon les media camerounais. Les personnes qui l’admirent et qui l’affectionnent pourront toujours se recueillir sur sa tombe, au cimetière catholique de Yaoundé, la capitale du Cameroun.

 

 

 

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