Le succès de la 5e édition de l’AFRIKAMERA, mettant en vedette des femmes sur, derrière ainsi que devant l'écran, était évident tout au long de ces six jours du festival, marqué par les salles pleines, les débats perspicaces, l'enthousiasme général du public, et les échanges constructifs entre les réalisateur(rice)s et professionnel(le)s. L’étendue des images des femmes sur l'écran et la diversité des thèmes abordés par les réalisatrices témoignent de la pluralité et richesse de la vie et des expériences des Africaines.
Treize pays de toutes les régions du continent ont été représentés, avec des courts, moyens et longs métrages couvrant les genres tels que la fiction, le documentaire, le docu-fiction, l’animation, la comédie, et le science-fiction.
La participation des cinéastes, des actrices ou des professionnelles pendant les projections a assuré des débats animés et stimulants. Yaba Badoe a discuté sa recherche et la réalisation de Les Sorcières de Gambaga (Ghana); Remi Vaughan-Richards a parlé de la campagne de sensibilisation autour de son film One Small Step (Nigeria) et avec le producteur Chichi Uzuegbu, elles ont examiné les expériences des filles « de la zone » à Lagos dans le film Scent of the Street. Léandre-Alain Baker a répondu avec aplomb aux questions du public sur le plaisir de la femme, l'adultère et l'adaptation d'un roman au film, les éléments qui font partis de Ramata (Sénégal) interprétée par la top-modèle regrettée Katoucha. Georgette Paré, le personnage principal de la comédie Une femme pas comme des autres (Burkina Faso) de Abdoulaye Dao, a envisagé un scénario en sens inverse, dont la polyandrie examinée dans le film met en cause l'infidélité des hommes et leurs relations polygames.
Les autres longs-métrages inclus dans le festival ont été egalement divers : Sur la planche de la Marocaine Leila Kilani, Othelo Burning (Afrique du Sud) de Sara Blecher, Indochine sur les traces de ma mère d’Idrissou Mora Kpai du Bénin, Imani (Ouganda) de Caroline Kamya, et Ici on noie les Algériens de Yasmina Adi, sur les événements autour de la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris.
Quatre films, courts et moyens métrages du Mozambique ont été axés sur les femmes et la violence conjugale ainsi que les effets dévastateurs du sida sur la famille: Dina de Dario Mickey Fonseca, Mae dos netos de Isabel Noronha et Vivan Altman, Impunidades criminosas de Sol de Carvalho, et Mahla, également par Dario Mickey Fonseca qui représentait les cinéastes mozambicains au festival.
« Écran d’Afrique au féminin (African sisters of the screen » :
La projection des courts-métrages comprenait d’une collection éclectique de films sur les thèmes de l'amour, la beauté, l'identité, la révolution et l'avenir de la planète : Pumzi de Wanuri Kahiu (Kenya), L'Ambouba et L'Mrayet de Nadia Rais (Tunisie), Yasmine et la révolution de Karin Albou (Algérie); La femme invisible de Pascale Obolo (Cameroun), Mon beau sourire d’Angèle Diabang (Sénégal), Tout le monde a des raisons d‘en vouloir à sa mere de Pauline Mulombe (RDC). Les participantes à la discussion avant la projection sont venues de diverses sphères du cinéma: la chercheure Beti Ellerson, la cinématographe Cécile Mulombe et la cinéaste d'animation et artiste Nadia Rais, animé par la commissaire du film June Givanni et avec la journaliste Claire Diao, la modératrice du Festival qui a fait la traduction (français-anglais).
La table ronde, « Écrans féminins–les réalisatrices en Afrique (Female Screens-Women filmmakers in Africa), a été animé par Dorothee Wenner. Beti Ellerson et June Givanni, Yaba Badoe, la productrice Chichi Uzuegbu et Georgette Paré, également présidente d'une société de casting et de communication, ont examiné les réalités et les enjeux actuels concernant les Africaines dans tous les domaines du cinéma.
Rapport par Beti Ellerson.