18 February 2015

FESPACO 2015 - Astrid Ariane Atodji: La Souffrance est une école de sagesse | Suffering is a school of wisdom


Ariane Astrid Atodji at the
Dubai Film Festival 2010
©Zimbio

Fespaco 2015 – Documentary in competition | documentaire en compétition

La Souffrance est une école de sagesse | Suffering is a school of wisdom 
Astrid Ariane Atodji: (Cameroon | Cameroun)

The filmmaker | La réalisatrice

[English]
Astrid Ariane Atodji was born in 1980 in Nguelemendouga, Cameroon. After obtaining a Bachelor's degree in Theatre Arts at University of Yaoundé, Astrid Atodji participated in workshops at the Goethe-Institut and attended the LN International Film School in Yaoundé.

In 2010 she was awarded the Special Jury Award at the International Festival of Dubaï for her film Koundi et le Jeudi National (Koundi and the National Thursday) made in 2010.

[Français]
Astrid Ariane Atodji est née en 1980 à Nguelemendouga (Cameroun). Après une Licence en Arts du Théatre à l'Université de Yaoundé, Astrid Atodji a participé à des ateliers au Goethe-Institut Kamerun et a fait l'école de cinéma LN International à Yaoundé.

Elle a obtenu en décembre 2010 le Prix Spécial du Jury au Festival International de Dubaï pour son documentaire "Koundi et le Jeudi National (Koundi and the National Thursday)" réalisé en 2010.

Synopsis

[English]
Since his arrival in Cameroon 36 years ago, my dad has never set foot in his native land Benin. What could have pushed him to leave without a trace, to abandon his family and the daughter he had in Benin the exact same year of his « exile » and whom he has never heard from again? The reasons, I can no longer ignore them. What identity (ies)? What origin(s)? It is not just the fact of going back to the sources, but to understand my story…the History.

[Français]
Depuis son arrivée au Cameroun il y a 36 ans, mon papa n’a plus jamais remis les pieds dans son pays natal le Bénin. Qu’est-ce qui l’aurait poussé à partir sans laisser de traces, à abandonner sa famille et cette enfant qu’il a eue au Bénin exactement l’année de son « exil » et dont il n’a plus jamais eu de nouvelles? Les raisons, je ne peux plus les ignorer. Quelle(s) identités ? Quelle(s) origine(s) ? Ce n’est pas retourner aux sources, mais comprendre mon histoire…l’Histoire 
A short conversation with Astrid Ariane Atodji and Beti Ellerson, February 2015.

What motivated you to make this film?

The idea of the film was triggered when my father was denied a position of responsibility because of his foreign origins. Afterwards, I proposed to pay a plane ticket so he could return to see his relatives; an offer that he declined. Later there was a doubt that set in; why this refusal? Then I realized that since his arrival in Cameroon, he had never set foot in Benin, his native land.

What also motivated me was a 2010 article by a Cameroonian film critic who made the point of saying, "the Cameroonian of Benin origin." Never before had I been given this label; moreover the article was degrading. Born of a Cameroonian mom, I never questioned this. As a consequence, the question of identity, of belonging, started to manifest itself, the unease began to set in. I wanted answers to these questions I asked myself and to which my father did not satisfactorily give me. Making a film was not easy because it was about me personally; an intimacy that one wishes to preserve; but this need imposed itself on me to the point of being vital. It was a psychological and emotional pain that I wanted to share in order to heal.

Experiences during filming and with the people…

For the shooting, the language barrier was a problem. While the protagonists discovered me, and the camera at the same time; they opened their doors to us, which made things relatively easy.

The most difficult part was meeting with people. It was not easy for me, given that I can be highly sensitive and emotional. It was a shock, a very difficult shock that I managed to overcome thanks to my crew who was very supportive.

Your father’s response…

The reaction of my dad after seeing the film, I cannot really describe it. He is someone who knows how to hide his emotions. Although he was moved, he refrained from making any comment whatsoever.

Une petite conversation avec Astrid Ariane Atodji et Beti Ellerson, février 2015.

Qu'est ce qui m'a motivé à faire ce film?

L‘élément déclencheur est le refus à mon papa en 2006 d'un poste de responsabilité à cause de ses origines étrangères. Par la suite, je me suis proposée de lui payer un billet d'avion pour qu'il puisse retourner voir les siens; offre quʹil décline. Dès lors, le doute sʹest installé; pourquoi ce refus? Je réalisais alors que depuis son arrivée au Cameroun, il n'avait plus jamais remis les pieds au Benin, sa terre natale.

Le déclic a été cet article en 2010 d'un critique de cinéma Camerounais qui n'avait pas manqué de souligner: “la Camerounaise d'origine Béninoise. “Jamais avant, on ne mʹavait donné cette étiquette; dʹautant plus que l'article était dévalorisant. Née d'une maman Camerounaise, je ne m'étais jamais interrogée là-dessus. Dès lors, la question dʹidentité, dʹappartenance à commencé à se poser; le mal-être sʹest installé. Je voulais des réponses aux questions que je me posais et dont mon père ne donnait pas satisfaction. En faire un film nʹétait pas chose facile car il sʹagissait de mon intimité; intimité que lʹon souhaite préserver mais cette nécessité sʹest imposée à moi au point d'en être un besoin vital. C'est une souffrance psychologique et émotionnelle que j'ai voulu partager pour en guérir.

Les expériences pendant le tournage et avec les gens…

La barrière de langue était une difficulté pour le tournage ; néanmoins les protagonistes bien que me découvrant au même moment que la caméra, nous ont ouvert les portes, ce qui a rendu les choses relativement faciles.

Le plus dur a été la rencontre avec les gens. Ce n'était pas facile pour moi étant donné ma forte sensibilité et le côté émotionnel qui me caractérise. C'était un choc, très dur choc que j'ai réussi à surmonter grâce à mon équipe de tournage qui m'a beaucoup soutenue.

La reaction de ton père…

La réaction de mon papa après avoir vu le film, je ne pourrai vraiment pas la décrire. C'est quelqu'un qui sait cacher ses émotions. Bien qu'il ait été ému, il s'est abstenu de faire quelque commentaire que ce soit.

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