06 février : Journée internationale de lutte contre l'excision
Depuis l'émergence d'une campagne internationale de sensibilisation sur la lutte contre l'excision, les décideurs politiques africains, les groupes féministes, les organisations locales, et les producteurs culturels ont pris des initiatives visant à sensibiliser le public au sujet de ses effets néfastes, en particulier en ce qui concerne la santé et l'intégrité corporelle de la femme et la fille.
Les professionnels du cinéma africain sont bien présents dans cet effort, les cinéastes, femmes et hommes, comme les comédiennes. Moolaadé (2004) un film du pionnier du cinéma africain, le regretté Ousmane Sembène du Sénégal, est emblématique à cet égard. Sembène déclare:
Il y a quand même des luttes, des combats qu’on mène pas à pas, jour après jour, qui pour moi sont encore plus héroïques que le reste. Voilà le problème au fond de ce que vous avez entendu de l’antagonisme entre ceux qui sont pour ou contre l’abolition de l’excision. Qu’une femme puisse prendre la décision face au village de refuser, cela c’est un acte de courage, dirons nous c’est de la folie. D’aller à l’encontre d’un groupe toute seule c’est de la folie, mais arriver à mobiliser les autres sans faire un défiler de 1er mai, ça c’est du courage, au quotidien, c’est pas après pas. C’est l’évolution des sociétés, l’évolution des mentalités.
En ce 06 février, journée internationale de lutte contre l'excision, l’African Women in Cinema Blog salue l'engagement des cinéastes et d’autres professionnels du cinéma :
Zalissa Babaud-Zoungrana (Zamaana, il est temps ! | Zamaana, now is the time !, 2012)
"De nombreuses femmes dans le monde sont encore hélas victimes de l'excision malgré les lois l'interdisant. Par le biais de ce court-métrage, nous voulons témoigner de l'histoire des femmes africaines, tout en respectant leur intimité et surtout convaincre de l'urgence de l'abolition définitive de cette pratique" Zalissa Babaud-Zoungrana, réalisatrice et productrice. (African Women in Cinema Blog)
Beryl Magoko (The Cut, 2012)
Une femme excisée est comme une pierre…
Les Kuria au Kenya et en Tanzanie pratiquent encore la mutilation génitale féminine (MGF) en tant que rite, ce qui est très douloureux et même dangereux. Les personnes de les générations précédentes ainsi que la pression de la communauté essayent de conservé l´héritage des ancêtres. Mais les effets de cette pratique qui continue de génération en génération engendrent des sentiments mitigés parmi la génération des jeunes du 21ème siècle. Que peuvent faire alors les militants de droits de la personne ? (African Women in Cinema Blog)
Ousmane Sembene (Moolaadé, 2004)
Dans un village sénégalais, Collé Ardo n'accepte pas que son unique fille soit excisée, ce rite de purification qu'elle juge barbare. La nouvelle se répand dans le pays, et quatre fillettes réclament à Collé Ardo le droit d'asile, le Molaadè. Dans le village, les tenants de la tradition et de la modernité s'affrontent (Africultures.com)
Anne-Laure Folly (Déposez vos lames, 1999)
Chaque année, deux millions de fillettes sont excisées dans le monde.
Le Sénégal vient de voter une loi punissant lourdement cette pratique grâce à la lutte que mènent depuis plus de 20 ans les femmes sénégalaises. (Africultures.com)
Diaby Lanciné (La Jumelle, 1998)
Awa et Adama sont jumeaux. Awa a pendant toute son enfance plus de chance que son jumeau jusqu'au jour où elle vend son âme au Mousso pour lui permettre de passer son bac. La chance tourne alors du côté d'Adama et les jumeaux sont séparés. Après bien des difficultés, Awa reprendra goût à la vie et gagnera son combat contre le mariage forcé et l'excision. Un combat qu'elle mène pour sa fille Nina mais aussi pour toutes les femmes. Pourtant, elle gardera toujours au coeur la douleur des jumeaux quand ils sont séparés l'un de l'autre. (Africultures.com)
Zara Mahamat Yacoub (Dilemme au feminine, 1994)
Centré sur l'excision au Tchad, le film mêle images documentaires et scènes de fiction. A travers des témoignages des familles et des autorités religieuses, un rappel de l'origine de ces pratiques et la prise de vue directe des gestes de ces rituels (personnes sensibles s'abstenir), la mise en scène cherche à sensibiliser la population tchadienne.
Les images de Dilemme au féminin sont presque insoutenables à regarder. On assiste à l'excision de deux jeunes filles entourées par des femmes qui frappent leurs mains, dansent et chantent "vous ne pleurerez pas sinon nous ne vous pardonnerons jamais."
Après cette ahurissante séquence, le film présente une série d'interviews avec des chefs religieux, des représentantes de femmes, des professionels de la santé, monsieur tout le monde et les filles elles-mêmes et leur pose la question : pourquoi l'excision ? Doit-elle être pratiquée et comment ? Et quelles sont les conséquences ? La réalisatrice sera parfois agressée.
Montré à la télévision, le film a eu un formidable impact, même s'il a valu une mise à l'index de la réalisatrice par les autorités musulmanes. Une réflexion engagée, mais ouverte et respectueuse sur des pratiques de plus en plus controversées en Afrique. Une réflexion qui demande à être débattue, et dont la petite fille se fait le porte-parole dans le dernier plan du film: "être excisée, faut-il le faire, ou ne pas le faire?". (Africultures.com)
Cheick Oumar Sissoko (Finzan, 1989)
Nanyuma, mariée dès l'âge de 15 ans selon la tradition bamanan et contre son gré à un homme de 45 ans choisi par ses parents, se retrouve veuve à 23 ans avec deux enfants. Selon la tradition, avant d'accorder la main d'une jeune fille, ses parents demandent si le prétendant a au moins un cadet qui pourra l'épouser en cas de décès de l'époux. Bala, le cadet obtient l'autorisation d'épouser Nanyuma. Celle-ci refuse cette situation et accompagnée de sa petite fille s'enfuit de la concession de Bala pour aller chez ses parents dans un village voisin. Quand son père refuse de l'accueillir, elle s'enfuit vers un hameau peul pour retrouver une amie d'enfance, Fily. Les parents de Fily ne veulent pas lui venir en aide. Ils la renvoient vers son village, en compagnie de leur fille Fily qui leur donne aussi quelques soucis. Parce qu'elles refuseront de se conformer aux règles de la tradition Bambara, le retour au village sera, pour Nanyuma et Fily, une épreuve... (Africultures.com)
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