22 May 2014

Monique Mbeka Phoba : « Sœur oyo », l’importance des médias sociaux, et la campagne de crowdfunding sur Kisskissbankbank

Monique Mbeka Phoba, scénariste, réalisatrice et productrice du film « Sœur oyo » nous parle de ses expériences passionantes autour de la réalisation, l’importance des médias sociaux, et de sa campagne de crowdfunding.

Monique, je suivais ce film depuis la création en juillet 2013 de la page Facebook « Court métrage Sœur oyo »—le casting, le tournage, les répétitions, les photos du making of… Peux-tu parler de l’évolution du film, qu’est-qui t’a motivé de le faire ?

Le titre du film est : « Sœur oyo », ce qui veut dire en lingala, de façon légèrement péjorative : « cette sœur-là ». Il y a donc une sorte de sous-texte, qui serait : « Cette sœur-là, est-elle bien celle qu’elle paraît être ? ». 

J'ai sans doute eu l’idée de ce film : « Sœur oyo », la première fois que je me suis rendue compte que ma mère aurait pu être une de ces « négrillonnes » vues dans le film "Au risque de se perdre" (1959), le fameux film de Fred Zinnemann, avec Audrey Hepburn. Elle a vécu en effet un certain temps dans un pensionnat, au contact des religieuses belges… Et Audrey Hepburn jouait d’ailleurs le rôle d’une religieuse belge.

A l’époque coloniale, le pensionnat du Sacré-Cœur de Mbanza-Mboma, dans la province du Bas-Congo, créé en 1947, a été longtemps la seule institution où des écolières congolaises pouvaient suivre leurs cours en français et non dans une langue congolaise. Contrairement aux autres colonies africaines, sous administration anglaise ou française, où l’apprentissage de la langue des colons était un sine qua non de la formation, la plupart du temps, les enfants congolais suivaient les cours dans leur langue originelle. De ce fait, bénéficier d’un enseignement en français et savoir le parler couramment était considéré comme un must. Etant la seule institution de ce type, le pensionnat de Mbanza-Mboma recevait donc des écolières de tout le pays et pouvoir y faire admettre sa progéniture était une des preuves d’ascension sociale dont raffolaient les évolués…

Mais, qui étaient les évolués ? Cette catégorie de congolais fit beaucoup de bruit, au sortir de la deuxième guerre mondiale, pour représenter aux autorités coloniales belges qui dirigeaient alors le pays, qu’elles perdaient beaucoup à ne pas les traiter différemment de la masse des autres congolais encore “non civilisés”, pour employer le langage dévalorisant qui avait cours à l’époque…

De tout cela, ma mère, fille et femme d’évolué, ne m’a guère parlé. Elle a fréquenté le pensionnat de Mbanza-Mboma, quelques années avant son mariage et m’en a raconté des anecdotes, comme l’histoire de ce serpent qui se serait introduit dans leur dortoir… Et, je me suis donc dit, alors que je regardais ces films hollywoodiens et exotiques jusque-là, sans penser guère plus loin qu’au plaisir de savourer une bonne histoire : « Mais, au fait, c'est ma mère qu'on filme ainsi… ». Et dès lors, le changement de perspective a été étourdissant !

J’ai commencé à m’interroger sur ces inter-regards : le mien sur cette écolière qu’était ma mère, sur cette époque coloniale qu’elle avait vécu et qui continue d’être présente en elle et au Congo, sur ces impressionnantes religieuses blanches, aux incroyables cornettes, le regard de ces religieuses belges sur leurs élèves, mais aussi sur les corps masculins et congolais, qui les environnaient…

Avec Dieu, le Diable, la Vierge Marie, les Anges, l’ordre colonial et les cantiques en arrière-plan sonore, tout cela au cœur des ténèbres d’une forêt équatoriale... 

Je me suis dit qu’il y avait quelque chose de l’ordre d’un chaudron du Diable, en train de bouillonner, réduisant en fumée tous les faux-semblants et les faux paraîtres … Et qu’à partir de là, pouvaient apparaître les fondamentaux : ces êtres humains, sans le poinçon de leur étiquetage, qui étaient-ils, qui sont-ils toujours ? Donc si le Bon Dieu et le Diable se font face un beau jour dans la forêt, prenant en otage le corps d’une religieuse qui découvre qu’elle est aussi une femme, quelle remise en cause peut-il se produire, dans ce microcosme qui macère dans l’incommunicabilité et la hiérarchisation raciale ?

Bref, en quête d’histoire non-officielle et de cadavres dans les placards, en tricotant ensemble ces histoires de couples interdits avec les anecdotes de ma mère, j’ai tiré une nouvelle, que j’ai donc adapté en un court-métrage…

Je me rappelle que tu parlais souvent de ton équipe, de toutes les personnes que faisaient parti de la
production et leur importance dans l'ensemble du projet…
Yvonne, Monique et Sœur Mado

Oui, j’aimerai aussi parler de mon équipe, qui a joué dans ce film un rôle très important. Depuis 1995, je m’aide beaucoup dans mes recherches de l’apport de la sœur de ma mère, Yvonne Mabiala. Elle a 9 ans de plus que moi et nous sommes très proches. C’est le 3ème de mes films pour lequel elle a fait des contributions irremplaçables. C’est elle qui m’a introduit dans ce milieu de religieuses de pensionnat et obtenu énormément d’avantages, par exemple au niveau du logement de l’équipe ! Et surtout, c’est elle qui m’a apporté la confiance des responsables de cet établissement et permis d’avoir accès aux archives, aux anecdotes historiques, à tout un contexte oublié… Elle est devenue une pro des tournages et parfois, j’ai l’impression qu’elle pourrait faire un film elle-même : elle est passée, comme moi, du stade du documentaire à la fiction. Mêlée à l’équipe, elle m’informait de son état d’esprit. Ma tante est une clé importante de tout un pan de ma carrière, cette recherche des origines qui est permanente dans ma vie.

Ensuite, j’ai eu énormément d’avantages à avoir comme directeur de production un jeune belge, David Ragonig, qui s’est mouillé jusqu’au cou dans cette production. Il y a mis une énergie et un dévouement qui laissent pantois. Tout le dossier financier du film était un imbroglio sans nom et, en plus je devais réaliser. Sans lui, c’était impossible ! Le respect qu’il m’a témoigné, tout en faisant part de ses doutes et parfois de ses désaccords, est réellement le ciment de notre relation professionnelle réussie. Financièrement, ce film aurait dû être une catastrophe, mais nos compétences en matière administratives qui étaient complémentaires (il a travaillé dans la gestion de fortunes et la banque, avant de décider de se lancer dans le cinéma et j’ai un master en sciences commerciales et un passé de gestionnaire de festivals) nous ont sortis heureusement du pétrin !!!

AU niveau des petites actrices, j’ai été conseillée par la script du film, Clarisse Muvuba, de me mettre en contact avec Starlette Mathata, une actrice de théâtre, très connue à Kinshasa : elle donne des cours de théâtre bénévolement aux enfants de son quartier depuis plus de 4 ans. 3 des élèves du film, dont l’actrice principale, Rosie Mayungi, sont formées par elle depuis 4 ans et donc ont eu, à 10 ans, une expérience professionnelle tout-à-fait concluante. Elles ont joué souvent en public et n’étaient pas du tout impressionnées par l’équipe d’européens qui les filmaient. C‘était évidemment un plus tout simplement miraculeux. Entourés d’acteurs venus de Belgique et parfois très reconnus dans la profession, ce sont elles qui semblaient le plus naturel !

Concernant l’équipe image, je l’ai construit autour d’Herman Bertiau, qui est photographe de profession et que je connais depuis plus de 20 ans ! Tout le monde a estimé que je prenais un gros risque, mais j’adore le type de cadre qu’il fait et j’ai demandé à Ella Van den Hove, la directrice photo, de le laisser les choisir, mais de l’aider à les éclairer. Ce qui est, dans la hiérarchie du cinéma, peu courant. Mais, Ella a eu la générosité de l’accepter. Et à l’arrivée, cela donne au film un cachet très particulier. Tout le monde parle de la beauté des images et de ce point de vue photographique. C’était mon idée que j’ai imposée. Et je n’en suis pas peu fière !

Un dernier mot pour mes actrices « adultes » : Laura Verlinden, Sidonie Madoki et Catherine Salée ont été d’un grand secours, très loyales et passionnées pour le film, souvent remarquables dans leur jeu. L’unique acteur masculin, Nganji, a été à la fois photographe de plateau et réalisateur du making of du film. Et en plus, premier assistant, car il est lui-même réalisateur. Il s’est mouillé jusqu’au cou pour moi !

Au niveau des Congolais recrutés au pays même, j’ai une longue complicité avec Clarisse Muvuba, qui se profile comme une des réalisatrices d’avenir au pays. Grâce à elle et ses connaissances dans le milieu, j’ai pu trouver très vite les petites actrices que je cherchais. Yannick Wawa s’est occupé des décors d’une façon qui nous a pleinement satisfaits : il m’avait été recommandé par Djo Munga, réalisateur de « Viva Riva ! » ! Ma cousine Jacqueline Matoko a fourni tous les costumes portées par les petites élèves en un temps record : c’est aussi une grande professionnelle.

Et au-dessus de tout ça, il y a Sœur Mado Diluaka, la directrice du pensionnat de Mbanza-Mboma, qui était la préfète de discipline quand ma mère et ma tante Yvonne y étaient élèves. Elle a été adorée par toute l’équipe, belges comme congolais, qui lui mangeaient dans la main. Elle aplanissait toutes les difficultés comme par miracle. C’est une femme sainte. Et là, je ne parle pas seulement de religion ! Son ouverture d’esprit, sa curiosité humaine sont exceptionnels et c’est elle qui, fondamentalement, incarne l’esprit de ce pensionnat de Mbanza-Mboma. Symboliquement, c’est la caution la plus importante que pouvait recevoir ce film !

C’était un véritable effort en commun :  l’appel à l’aide pour trouver les photos de familles d’évolués qui envoyaient leurs filles au pensionnat de Mbanza-Mboma; l’appel pour doubler la voix de Godelive; l’appel pour la communication et diffusion du film… Quelques réflexions sur ces efforts ?

J’ai beaucoup lancé d’appels à l’aide. J’ai choisi comme premier film de fiction de faire un film historique et il fallait délirer pour prendre un risque pareil. En plus, j’ai été forcée, à un moment, de prendre en charge la production. J’ai donc additionné la difficulté d’une première fiction, du fait qu’un film historique a énormément de contraintes, de faire la production et de la faire au Congo, dans un pays où je ne vis pas habituellement et où se pose tout le problème de venir d’Europe et de se heurter de plein fouet aux représentations qu’ont de la vie en Europe ceux qui vivent en Afrique. 

Complètement écrasée par ces différents défis, je me suis donc fait aider par les gens sur Facebook : c’est pratiquement une coproduction Facebook, ce film. J’ai vraiment exprimé toute ma détresse, à certains moments… Et il y a des gens qui vous tournent le dos, refusent de vous aider quand vous leur parlez face à face. Mais, qui le font, quand ils vous ont lue sur Facebook. Je n’en pouvais plus : il y a un médecin qui m’a diagnostiquée comme étant complètement en manque de calcium, de magnésium, et ayant des soucis avec mes réserves de fer ! Il y a eu des moments, où je me sentais prise de vertiges... Il fallait tellement gérer de choses en même temps !! Et je savais que je n’avais pas assez d’argent. Donc, je fonçais droit devant moi pour finir le film, avant que le manque d’argent ne me bloque. Ou avant que je m’écroule d’épuisement. J’ai tourné en août et le film était pratiquement fini en décembre. Mais, ça a traîné à cause de petites finitions. J’avais une peur bleue que tous ces efforts n’aboutissent pas et de traîner la finition du film pendant des années, comme je le vois souvent faire par des collègues. Quand vous avez des petites filles dans votre film, vous ne pouvez pas leur dire que le film prendra des années à être fini. Qu’il y a des sommes importantes à rassembler pour l’étalonnage, le mixage etc : c’est du chinois pour elles. Elles veulent voir le film, elles veulent le montrer à leur famille et leurs amis. Elles m’ont tout donné et donc je leur devais le film. Et pas 10 ans après ! C’est tout ! Et donc, j’ai fait en sorte !

Oui, j’ai obtenu des superbes photos de familles d’évolués sur Facebook, j’ai découvert aussi la petite fille qui a doublé le chant de l’actrice principale, qui chantait un peu faux…  J’ai eu des amies qui m’ont beaucoup encouragée, tout au long d’un long parcours : l’écriture du film qui s’est étendue de 2011 à 2012, la recherche de financement, qui a continuée même pendant que le film était en postproduction… En plus du soutien moral et psychologique, certaines ont posé des actes concrets : Aude Hitier, rencontrée sur FB, une française, est l’auteur de cette magnifique affiche, sur base des images du film, Georgine Dibua a servi d’intermédiaire pour me faire rencontrer des anciennes élèves de Mbanza-Mboma, qui m’ont fourni des anecdotes pour le scenario et m’aident maintenant pour animer les débats d’après-projection… Et grâce à Facebook, aussi, j’ai eu un démarrage fulgurant de mon crowdfunding : 41% de la somme que je demandais en même pas 2 semaines : c’est hallucinant. Mais, le bouche-à-oreilles depuis l’avant-première est très positif et cela a clairement aidé.

Quel a été la reception du film à l’avant-première du samedi 3 mai au centre culturel Jacques Franck à Bruxelles ?

Le film était un court-métrage et je me suis dit que je devais me creuser la tête pour présenter un programme suffisamment long aux spectateurs, en tous cas plus long que ce film de 24 minutes. J’ai donc eu l’idée de convier une Association des Anciennes du Sacré-Cœur Congolaises en Belgique, des vieilles mamans entre 65 et 90 ans. Qui en fait pouvaient représenter les petites filles du film, qui ont aujourd’hui l’âge de nos mères et grands-mères. Elles ont regardé le film, revu le cadre où on leur avait enseigné, revécu leurs émotions de l’époque et ont pu en parler au public : il y a eu quelque chose de vibratoire, ce jour-là, qui fait éviter les habituels haussements d’épaule devant le verbiage de vieilles dames. Les gens étaient toute ouïe et buvaient leurs paroles. Elles ont eu tellement d’émotions et de joie à les partager avec un si grand public, qui les accompagnait dans ce voyage vers leur enfance… Il y a eu 247 personnes et on a dû refuser du monde !

En ce qui concerne ce que le public a pensé du film, je préfère mettre des témoignages qui me sont parvenus : 

Martine Bourgeois Dantas Pereira : Toutes mes félicitations à Monique, à toute l'équipe et à ceux qui les ont entourés, d’une façon ou d’une autre, dans ce long et difficile parcours... Mais, le résultat est magnifique !!! Deux amies belges sont venues, curieuses suite à mes posts sur FB et ont aimé le film, la soirée entière : présentation, débats, spectacle... Comme tous, le désir ardent d’un long-métrage... Il y avait tant dans ce court métrage : atmosphère du pensionnat, la vie de petites filles loin de chez elles face aux religieuses/la religion (dans ce qui ça avait de bien et de mal!) et, en même temps, empreints de leur culture, éducation, les couleurs et les bruits (je m’y croyais, ça me manque tellement) de la forêt, le jour ou la nuit, les jeux d'enfants, la présence de l'église à cette époque du Congo et son influence, ... Une partie de 'histoire, tout court ! MAIS L’ AVENIR EST ENTRE NOS MAINS A TOUS ! Comme nous l’a bien expliqué Monique, il faut que les réalisateurs, cinéastes aient des moyens, que ce soit Monique (qui a apporté sa pierre grandement aux dépens de beaucoup jusque dans sa vie privée et qu’elle continue ou arrête dans ce domaine, une grande admiration à une des pionnières du cinéma du Congo) ou ceux qui désirent/désireraient raconter le Congo d’hier ou d’aujourd'hui, nous devons soutenir, apporter notre pierre et pour ceux qui ont des pouvoirs décisionnels en Belgique ET au Congo prévoir des budgets, faciliter les choses à ces entrepreneurs de la culture car c’est tellement important. Merci Monique de nous permettre par le crowfunding de soutenir, même si c’est modestement ton oeuvre et ici “Soeur Oyo”, qui nous a séduits... Et bonne route à toi et tous ceux qui se mouillent pour que des traces restent, vues par des yeux de l’ intérieur, dites et interprétées selon des gens du cru…
Achaïso Ambali : J’ai énormément aimé : les petites adorables de sincérité et de réalisme, l'ambiance coloniale des soeurs missionnaires (naphtaline à plein nez, on s’y croirait),...la tentation de la chair pour les religieuses belges (réalité trop souvent cachée : certaines ont d’ailleurs accouché de métis !!!)...et la chaleur du pays… Le côté mystique aussi… Je ne peux que te dire merci !
Magloire Mpembi Nkosi : J'ai assisté hier à la première mondiale du court-métrage de Monique Mbeka Phoba à Bruxelles ce samedi 3 mai 2014. En grande prêtresse de cérémonie, la réalisatrice a circonscrit le cadre dans lequel a été conçu ce projet. Les images du film tournées au lycée de Mbanza Mboma sont splendides ! Le cours de l'histoire est fait des moments humoristiques, ponctués de franches rigolades dans la salle et des moments plus poétiques voire envoûtants...Je suppose que tout le monde présent dans la salle a bien compris qu'à Mbanza-Mboma, dans les années 50, le serpent n'était pas forcément où on le pensait. Monique Mbeka Phoba a me semble-t-il retrouvé la joie de continuer à faire son métier, joie qu'elle avait perdue. Je suis heureux de voir qu'elle a écouté ceux qui (comme moi) la suppliaient mais en posant une seule condition: que les Africains participent à la construction d'une nouvelle imagerie pour sortir de la prison misérabiliste dans laquelle le cinéma mainstream nous enferme. Un premier pas serait de participer ici: http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/soeur-oyo. Je souhaite une belle carrière à ce film.

La prochaine étape ?

C‘est compliqué à dire, quand je suis encore dans tous les problèmes de rendus des comptes financiers et fatiguée par tout ça. J’en avais tellement marre que je voulais arrêter de faire des films. Mais, en fait, devant le plaisir des spectateurs à l’avant-première, devant le film, j’ai évidemment changé d’avis. Et je n’ai vraiment eu que de bonnes critiques du film, ce qui me fait énormément de bien ! Mais, je voudrais bien trouver un producteur pour ma prochaine production. Surtout si c’est encore une fiction. Produire des documentaires et les réaliser, pas de problèmes. Mais, faire les 2 en fiction, plus question ! 

Entretien de Beti Ellerson avec Monique Mbeka Phoba, scénariste, réalisatrice et productrice, mai 2014.

Pour rejoindre la compagne Indiegogo et la soutenir:
http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/soeur-oyo

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