25 January 2012

Mame Woury Thioubou: Face to Face, Women and Beauty in Saint-Louis | Face à face, Femmes et beauté à Saint-Louis (Senegal)

Mame Woury Thioubou
Mame Woury Thioubou: Face to Face, Women and Beauty in St. Louis (Senegal). Published in Regard Émoi Afrique, 7 December 2011. Translation from French by Beti Ellerson

[En français ci après]

Mame Woury Thioubou was born and raised in Senegal. After a MA in geography at the University Cheikh Anta Diop in Dakar and a diploma in journalism at the University of St. Louis, Senegal, she became a journalist/reporter at the "Quotidien" and for the company Avenir Communication, and technical assistant for Programme Agenda 21 in the city of Matam.

In 2009, she decided to return to her studies continuing in the area of journalism but from a more artistic approach by engaging in creative documentary filmmaking, now considered a genre in itself. She enrolled in the Master II Réalisation de Documentaire de Création  (Creative Documentary Filmmaking) at the University Gaston Berger in St. Louis (Senegal), under the tutelage of Africadoc.

In this context she made the collaborative film with the students in her class, St. Louis and Us, and her first short documentary film Face to Face, (17 mn) for which she received public recognition and the award for the best film at the (Festival du film de quartier de Dakar) Neighborhood Film Festival of Dakar in 2009.

Face to Face by Mame Woury Thioubou
Women and Beauty in St. Louis 

Filmmaker's intentions of the film Face to Face

The history of St. Louis is marked by numerous intermixtures of ideas, cultures and races, for which it has earned the reputation of being at the crossroads between African, European and Arab cultures. Adding to this intermixture, is the legacy of the Signares who gave birth to an original form of savoir-être, which artists have continued to invoke in songs and plays.

With its Signares, St. Louis has maintained a tradition that its inhabitants strive to perpetuate through the "Takussanu Ndar." This old St. Louisian tradition consisted of a parade at twilight, in the likeness of the Signares mingling in the streets. Indeed, during the colonial period, Faidherbe square was the everyday gathering place for all St. Louisians, filled with games, music and encounters, where women chatted, displaying their outfits, and also the men, the "ndanaan," who came to have a good look and show off as well. Of course the Signares were present and dressed in their finery, arriving in their carriages, accompanied by their servants.

As an awkward, graceless child who looked like a tomboy, St. Louis has always been my idea of feminine beauty. Now that I am in this "center of elegance and good taste that has been the fascination of Senegal and West Africa," I cannot refrain from looking everywhere, all the time, for this highly-acclaimed beauty and elegance. The streets and alleys of the city that once welcomed the "Takussanu Ndar" have been emptied of their beauties because of the hardships of modern life. The desire to be noticed that brought these ladies to life, is now expressed only during important ceremonies: baptisms, weddings and religious songs. It is an opportunity for the young and not so young, to deck out in precious cloth, coiffed in elaborate hairstyles.

In my film, I investigate the practices of feminine beauty in St. Louis. How do they express it? What are its characteristics? To find an answer to these questions, I pose my camera in various locations. In a hair salon where ladies come to get made up and their hair done; at a shop where they buy beauty products. Moreover, at their homes, I talk to the elders so that they can tell me about the traditions of elegance in the city. And through the metamorphosis of someone in traditional dress and hairstyle, participating in the carnival "Takussanu Ndar", organized as part of the St. Louis Jazz Festival. In order to have a cross-generational perspective: then and now, what are the practices of beauty, what are the changes that have occurred? How do they adapt to the mutations of fashion?

Beyond the simple matter of aesthetics that traverse the film, I want to investigate the societal practices as it relates to beauty. Why do women have to resort to artifices to feel beautiful? And in so doing, to what need are they submitting?


Mame Woury Thioubou: Face à face, Femmes et beauté à Saint-Louis. Publié le 7 décembre 2011. Regard Émoi Afrique  : https://regardemoiafrique.wordpress.com/2011/12/07/femmes-et-beaute-a-saint-louis/

Mame Woury Thioubou est née et a grandi au Sénégal. Après une maîtrise de géographie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et l’obtention d’un diplôme en Journalisme à l’Université de Saint-Louis du Sénégal, elle devient Journaliste/reporter au “Quotidien”, pour la société Avenir Communication et assistante technique du Programme Agenda 21 de la Ville de Matam.

En 2009, elle décide de reprendre ses études et complète son point de vue journalistique par une approche plus artistique en se lançant dans le documentaire de création, aujourd’hui considéré comme un genre cinématographique à part entière. Elle suit ainsi le Master II de Réalisation de Documentaire de Création à l’Université Gaston Berger de Saint Louis (Sénégal), formation sous la tutelle d’Africadoc.

C’est dans ce cadre qu’elle réalise un film collectif avec des étudiants de sa promotion “Saint Louis et nous”, puis son premier court-métrage documentaire “Face à Face”. Elle obtiendra les salutations du public et sera récompensée de l’Ebène du meilleur film au Festival du film de quartier de Dakar en 2009.
Femmes et beauté à Saint-Louis 
Note d’intention du film “Face à face”

L’histoire de Saint Louis est marquée par les nombreux brassages d’idées, de cultures et de races qui lui ont valu sa position de carrefour entre les cultures africaines, européennes et arabes. A ce brassage, s’est ajouté l’héritage des Signares pour donner naissance à une forme originale de savoir-être que les artistes n’ont cessé d’évoquer dans les chansons et les pièces de théâtre.

De ses Signares, Saint-Louis a gardé une tradition que sa population s’évertue à perpétuer à travers le « Takussanu ndar ». Cette vieille tradition saint louisienne, consistait en une parade crépusculaire, à l’image de celle des Signares dans les rues. En effet, durant la période coloniale, la place Faidherbe était chaque jour, le point de ralliement de tous les Saint-Louisiens. Les jeux, la musique et les rencontres rassemblaient en ces lieux des femmes venues montrer leurs toilettes et papoter mais aussi des hommes, des « ndanaan », venus les contempler et se montrer eux aussi. Les Signares étaient également de la partie et parées de leurs plus beaux atours, elles se rendaient à la place à bord de leurs calèches et accompagnées de leurs servantes.Enfant disgracieuse, sans grâce et aux allures de garçon manqué, Saint louis a de tout temps cristallisé mon imaginaire en matière de beauté féminine. Aujourd’hui que je suis dans  ce «centre d’élégance et de bon goût qui faisait battre le cœur du Sénégal et de l’Afrique occidentale », je ne puis m’empêcher de chercher dans tous les lieux et à tout moment cette beauté et cette élégance maintes fois louée. Les rues et ruelles de la ville qui accueillaient jadis le « Takussanu ndar », se sont vidées de leurs belles du fait des difficultés de la vie actuelle. Le besoin de paraître qui animaient ces dames ne s’exprime plus désormais que dans les grandes cérémonies : baptêmes, mariages ou chants religieux. C’est l’occasion pour jeunes et moins jeunes de se parer d’étoffes précieuses et d’arborer des coiffures très élaborées.

Dans mon film, je souhaite questionner la beauté féminine dans cette ville de Saint louis. Comment s’exprime-t-elle ? Qu’est-ce qui la caractérise ? Pour trouver une réponse à ces questions, j’installerai ma caméra dans divers lieux. Un salon de coiffure ou les dames viennent se faire maquiller et coiffer, une boutique de cosmétique où elles achètent les produits de beauté. Ailleurs, dans les maisons, je donnerai la parole aux vielles personnes pour qu’elles me parlent des traditions d’élégance de la ville. Et à travers la métamorphose d’une personne qui va endosser une tenue et une coiffure traditionnelle pour participer au carnaval du « Takussanu ndar » organisé dans le cadre du Saint Louis Jazz festival, je souhaite faire dialoguer les générations de femmes. D’hier à aujourd’hui, quelles sont les pratiques en matière de beauté, quelles sont les mutations qui sont intervenues ? Comment les femmes s’accommodent-elles de la mode ?
Au delà de la simple question d’esthétique qui traverse le film, je voudrais questionner les pratiques de société en matière de beauté. Pourquoi les femmes doivent-elles recourir aux artifices pour se sentir belles ? A quel besoin se soumettent-elles en le faisant ?

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